10 Septembre 1018
Avant de rentrer dans le vif du sujet, un bref état des lieux s'impose, afin de contextualiser ce qui va suivre.
Cela fait maintenant une dizaine de mois que la guerre a débuté. Contrairement à toutes les attentes qui prédisaient que la guerre ne serait que l'affaire de quelques semaines, ou trois mois tout au plus, celle ci s'est éternisée sur bientôt un an. En effet, les deux belligérants ont tout au plus réussi a maintenir le status quo, avec les armées de Khralmar étant incapable de mener des incursions correctes dans le Royaume d'Alostheim, se heurtant soit aux métropoles très lourdement défendues du Royaume, soit s'épuisant dans les escarmouches répétées perpétrées par les Chevaliers. De l'autre côté, les chevaliers sont incapables d'effectuer à leur tour une percée dans le pays adverse, la plupart de leurs ressources militaires étant allouées à la défense du pays. Les maigres divisions d'attaques restantes sont incapables de passer les postes fortifiés dans les multiples passes et canyons de Khralmar, qui a parsemé des forts un peu partout sur son territoire et plus particulièrement à sa frontière commune avec Alostheim.
Des petites victoires furent remportées des deux côtés, et même si l'on peut dire que le côté Alost progresse lentement mais sûrement en épuisant l'armée adverse, le status quo n'en est néanmoins pas brisé.
Mais cela ne risque pas de durer.
J'écris ces lignes afin de rapporter mon investigation au sein du territoire de l'Empire confédéré de Khralmar et les nouvelles sont, pour eux, des plus terribles.
Sur les 10 royaumes confédérés de Khralmar, Trois sont tombés.
Une si terrible et non moins importante nouvelle a pu passer inaperçu grâce au travail acharné de divers services confédérés, et j'estime que ces trois royaumes sont tombés il y a peut être trois mois, ou quatre au maximum. Même si ce que j'ai vu ne corrobore pas cette estimation.
A la place de ces trois royaumes maintenant en ruines, se trouvent ce que les khralmariens appellent les Terres Sacrées de la Déesse Immortelle. A qui non informé ce nom n'évoque rien, il a pourtant l'air d'emplir les khralmariens même paraissant les plus braves d'une profonde terreur, et je n'ose imaginer ce qui arriverait à leur pantalon si ils se trouvaient sur ces terres.
Par courage, sens du devoir ou pure folie, je me suis rendu là-bas, afin d'informer mon peuple Alost de la potentielle menace qui pourrait aussi être le facteur déterminant de la victoire Alost de cette guerre.
Au moment même où j'ai passé la frontière entre Khralmar et les Terres Sacrées, le paysage changea. Ce ne fut à ne pas en croire ses yeux, mais les terres presque désolées qui se trouvaient là avaient été transformées en plaines et bois florissants.
Incomparable à la beauté verdoyante d'Alostheim néanmoins, ces terres retenaient comme une corruption, et tout depuis la simple pierre jusqu'aux plantes voire même la vie animale semble être parcouru d'un mana différent, plus... terne, d'après mon ressenti.
En somme, même en pleine journée, la nature semblait plus obscure. Mais d'un autre côté, elle était magnifique à sa façon.
Mon voyage me mena jusqu'aux portes d'une cité, et depuis le moment ou je pus apercevoir celle ci jusqu'à mon arrivée à ses portes, mon souffle fut inlassablement coupé par la stupeur.
D'immenses murs d'obsidienne dominaient le relief et semblaient vouloir dissuader par leur aspect menaçant tout attaquant à s'approcher et pourtant, elles étaient aussi d'une exquise architecture. Chose anormale pour des murs qui sont supposés tenir un rôle strictement utilitaire.
Mais alors, ces murs noirs de jais semblaient en vérité retracer les lignes qu'on peut retrouver sur des arbres séchés, donnant ainsi une impression d'harmonie adoucissant la solidité brutale qu'on retrouve sur les ouvrages classiques, tout en la renforçant.
Alors sur mes gardes, je me rendis compte que la cité avait ouvert ses portes, invitant aux voyageurs, et que les allées et venues étaient à ma surprise relativement fréquents.
J'ai alors décidé de m'approcher, quittant ma cachette pour me mettre en route tout en espérant que la couverture de voyageur suffirait à m'éviter tout problème.
La route traversa de fertiles champs vivriers sans aucun paysan pour travailler la terre, ceux ci remplacés par des golems.
Oui, des golems.
En obsidienne, eux aussi, ils se déplaçaient à travers et s'occupaient des champs par des mouvements non pas brouillons et rustres, mais experts et calculés. Combattant les sueurs froides à l'idée que des mages aussi puissant que cela puissent exister, et puissent avoir tant de ressources pour les mettre au service de la production de nourriture, je continuais mon chemin en m'interrogeant là-dessus.
Je pus rentrer en ville sans problème, non sans m'étaler sur l'incroyable splendeur de la grande porte, mais les surprises n'étaient pas sitôt épuisées.
La ville sous mes yeux ne pouvait être décrite que comme ville-cathédrale. Celle ci n'était non pas sans rappeler l'architecture des châteaux et citadelles vampiriques, elles l'est même de manière inquiétante.
De chaudes lumières filtraient par les fenêtres des maisons et les passants étaient nombreux dans la rue à cette heure du point du jour. Etant agréablement surpris par la diversité semblable à celle qu'on trouve à La Capitale, je révisai mon jugement après une observation plus fine.
A la différence des contrées Alost, la diversité des habitants n'était pas constituée de simples humains, hybrides ou elfes, non...
Parmi les passants marchaient sans craintes toutes sortes de vampires, non-morts, spectres et même des démons supérieurs ?
Les humains se mêlaient sans crainte à toutes ces hérésies et vivaient ensemble, sans que cela ne semble poser problème.
J'ai appris plus tard qu'ils avaient, tous autant qu'ils étaient, bien plus à craindre de ce qui dominait leur propre cité, que des uns les autres.
La ville dispose de deux grandes portes, l'une a l'Est-Sud-Est l'autre a l'Ouest-Sud-Ouest et est divisée dans ce que j'appellerai le Haut-Quartier et le Bas-Quartier.
Le Bas-Quartier regroupe toute l'ellipse extérieur de la cité, habitations, bâtiments du commerce et même industrie dans la partie est de la ville tandis que le Haut-Quartier abrite la plupart des bâtiments administratifs ainsi que des habitations de plus noble construction, bien que l'architecture de la ville soit exquise dans l'ensemble. L'hôtel de ville se trouve ,lui, au bout du boulevard Sud dans le Bas-Quartier (La ville comporte trois axe principaux qui se rejoignent sur une grand-place au Nord.).
Les prix pratiqués dans l'ensemble des commerces étaient haut et ne vendaient que des produits de haute qualité, et au vu des habitants, rien ne laisse à croire qu'ils ne sont pas tous à un train de vie exceptionnel.
En oubliant son caractère hérétique, cette cité était sûrement l'une des plus prospères qu'il m'a été donné à voir de toute ma vie.